Bordeaux Aquitaine Marine
1.
Lancement du Vinh-Long au Chantiers Bichon - 4 janvier 1881
2.
Incendie du 16 décembre 1922
1
.
Le Lancement du
Vinh-Long
.
(extrait du Bulletin / Société de géographie commerciale de Bordeaux, 1881)
«Les
abords
des
chantiers
de
MM.
Bichon
frères
présentaient
dans
la
matinée
du
mardi
4
courant
un
aspect
inaccoutumé.
Dès
la
première-heure,
pendant
que
de
nombreux
invités
pénétraient
dans
l'enceinte
réservée
et
prenaient
place
sur
une
estrade
couverte
disposée
à
cet
effet
en
face
du
flanc
droit
du
Vinh-Long
,
une
foule
considérable
de
curieux
envahissait
à
l'extérieur
tous
les
points
d'où
l'on
pouvait
apercevoir,
déjà
dégagé
de
ses
échafaudages,
le
magnifique
transport-hôpital.
Le
coup
d'œil
était
vraiment féerique.
Sur
la
rive
droite
de
la
Garonne,
des
groupes
de
piétons,
de
plus
en
plus
compacts
à
mesure
qu'on
approchait
de
l'entrée
du
chantier,
côtoyaient
en
se
garant
avec
peine
une
interminable
file
de
voitures
qui
s'étendait
depuis
le
pont
Deschamps
jusqu'aux
abords
des
tribunes
;
sur
la
rivière,
une
multitude
d'embarcations
de
tous
genres,
Hirondelles,
Gondoles,
vapeurs
de
la
Compagnie
Gironde
et
Garonne,
bateaux
de
plaisance,
chaloupes
et
canots
se
dirigeaient
en
toute
hâte
dans
la
direction
de
Lormont,
les
uns
déposant
sur
la
berge
à
proximité
des
chantiers
de
MM.
Bichon
un
nouveau
flot
de
curieux
et
d'invités,
les
autres
stoppant
à
distance
afin
de
permettre
aux
personnes
qui étaient à bord la vue du lancement depuis la rivière.
Sur
la
rive
gauche
enfin,
du
côté
dés
docks,
une
foule
considérable
stationnait
également,
masquant
aux
regards,
derrière
ses
rangs
pressés,
les
estacades
du
bassin
à
flot.
Bientôt,
l'aviso
de
l'État
le
Travailleur
»
ayant
à
son
bord
les
autorités
civiles
et
militaires
(MM.
Doniol,
préfet
de
la
Gironde,
Dumont,
général
commandant
en
chef
le
18e
corps,
Brandenburg,
maire
de
Bordeaux,
plusieurs
généraux
et
officiers
supérieurs,
de
nombreux
membres
de
l'Administration
municipale
et
de
la
Chambre
de
commerce),
prenait
place
à
son
tour
à
proximité
des
chantiers
Bichon
et
envoyait
à
terre
les
échos
de
«l'Harmonie
de
Bordeaux
»
qui
complétait
la
fête
en
exécutant,
sur
le
pont,
les
meilleurs
morceaux
de
son
répertoire.
En
même
temps,
dans
l'enceinte
réservée,
les
membres
de
la
Société
des
Sauveteurs
de
la
Gironde
qui
s'étaient
occupés
avec
succès
de
l'organisation
du
service,
parcouraient
la foule, recueillant pour les inondés du Nord de nombreuses souscriptions.
Enfin,
après
une
attente
assez
longue,
pendant
laquelle
de
nombreuses
charrettes,
en
stationnement
sur
la
rive,
sont
prises
d'assaut
et
disparaissent
sous
un
flot
de
spectateurs,
pendant
laquelle
encore
l'estacade
du
Requin
,
garde-côtes
cuirassé,
en
construction
dans
le
même
chantier,
se
garnit
de
véritables
grappes
humaines,
les
derniers
liens
qui
retiennent
le
Vinh-Long
sur
sa cale sont enlevés.
Au
milieu
d'un
silence
profond,
quelques
craquements,
suivis
bientôt
après
d'un
coup
de
canon
tiré
par
le
Travailleur
,
se
font
entendre,
un
léger
mouvement
se
produit,
des
hourras
enthousiastes
s'élèvent
de
toutes
parts,
et
l'on
voit
s'avancer
majestueusement
vers
la
rivière
la
masse
imposante
du
Vinh-Long
,
développant
derrière
elle,
par
le
frottement
de
ses
coulisses,
une vaste colonne de fumée qui monte en s'élargissant et dérobe tout à coup la cale et ses abords, aux regards des spectateurs.
Quelques
secondes
encore,
et
le
navire
est
à
flot,
arrêté
par
son
ancre,
pendant
que
l'eau,
soulevée
par
le
déplacement,
pénètre
brusquement
jusqu'à
l'entrée
du
chantier.
Aussitôt,
toute
la
flottille
de
bateaux
qui
assistaient
à
l'opération
s'empresse
d'entourer le Vinh-Long, dont les dimensions paraissent, par comparaison, encore plus énormes qu'à-terre.
Nous
croyons
devoir
rappeler
ici
que
ce
magnifique
navire,
dont
la
construction
fait
le
plus
grand
honneur
à.MM.
Bichon
frères
et
au
port
de
Bordeaux,
a
115
mètres
de
longueur
de
l'étrave
à
l'étambot,
15,40
mètres
de
largeur
sur
le
pont,
et
que
mis
à
l'eau,
il
occupe
un
déplacement
de
5,690
tonneaux.
Son
lancement
a
été
un
véritable
événement
pour
notre
ville;
favorisé,
malgré
le
froid,
par
un
temps
magnifique,
il
s'est
accompli
dans
des
conditions
si
exceptionnelles
qu'aucun
de
ceux
qui
ont
pu
assister à cet imposant spectacle, ne pourront l'oublier.
Aussi,
vers
neuf
heures
et
demie,
en
reprenant
la
route
de
Bordeaux,
enchanté
de
cette
matinée,
chacun
des
assistants
se
proposait-il
de
revenir
aux
mêmes
chantiers
non
seulement
pour
le
lancement
du
Requin
,
mais
encore
pour
celui
de
la
Gironde
,
grand
transport
de
dimensions
semblables
à
celles
du
Vinh-Long
,
et
dont
la
commande
a
été
faite
également
à
MM.
Bichon
frères par le gouvernement français.
Le
Vinh-Long
.
a
été
remorqué
immédiatement
sous
la
grue
à
mâter,
où
il
doit
prendre
ses
chaudières
et
sa
machine,
avant
d'être conduit à Rochefort pour y recevoir son armement.
J. M.»
2.
L’incendie
du
transport
Vinh-Long
,
16
décembre
1922
(extrait
de
:
Departement
of
the
Navy
-
Naval
historical
Center
- 808 Kidder Breese SE WashingtonNavy Yard - Washington DC 20374-5060)
Tôt
le
matin
du
16
décembre
1922,
le
destroyer
Bainbridge
(DD-246)
de
la
marine
des
Etats-Unis
croisait
en
mer
de
Marmara,
Turquie,
en
route
vers
Constantinople.
A
06h38,
son
équipage
aperçu
des
flammes
sur
la
poupe
du
vieux
transport
militaires
français
Vinh-Long
.
Il
était
à
environ
cinq
milles,
se
dirigeant
également
vers
Constantinople.
L'officier
commandant
du
destroyer,
le
lieutenant
commandant
Walter
A.
Edwards,
dirige
immédiatement
son
bateau
vers
le
Vinh-Long
en
feu
et
arriva
sur
les
lieux
environ
douze
minutes
plus
tard.
Lorsqu'il
s'est
rendu
compte
que
l'équipage
du
transport
français
contenait
l’incendie,
il
mis
ses
chaloupes
à
l'eau
afin
qu’elles
se
tiennent
prêtes
à intervenir.
Environ
cinq
minutes
après
l’arrivée
du
Bainbridge
sur
les
lieux
de
l’incendie,
il
y
eu
une
explosion
et
les
flammes
ont
commencé
à
s’échapper.
Beaucoup
de
passagers
ont
sauté
par
dessus
bord,
et
d'autres
ont
commencé
à
paniquer.
Le
destroyer
Bainbridge
s'est
rapidement
déplacé
pour
se
placer
contre
le
transport
en
feu
afin
que
les
passagers
puissent
sauter
sur
le
destroyer
américain.
Peu
de
temps
après,
une
explosion
très
puissante
a
soufflé
le
Pont
Principal
et
le
feu
a
redoublé
d’intensité.
Parmi
le
danger
et
la
confusion
considérablement
accrus,
l'évacuation
a
continué
jusqu'à
ce
que
touts
les
passagers
aient
atteint
le
destroyer
Bainbridge
ou
aient
sauté
dans
l'eau.
En
accord
avec
les
traditions
de
la
mer,
le
capitaine
du
bateau
français
était
le
dernier
à
quitter
son
navire.
Le
destroyer a alors écarté.
Quand
le
destroyer
Bainbridge
eut
fini
de
récupérer
les
passagers
dans
les
chaloupes
et
dans
l'eau,
il
compta
à
son
bord
482
des
495
passagers
qui
étaient
à
bord
du
Vinh-Long.
Beaucoup
de
monde
pour
un
destroyer
qui
a
un
équipage
normal
d’environ
cent
personnes.
Un
soldat
français
est
mort
peu
après
son
sauvetage.
De
ce
fait,
le
lieutenant
commandant
Edwards
décide
de
laisser
le
secteur
du
désastre
et
pour
porter
les
survivants
à
Constantinople
aussi
rapidement
que
possible.
Peu
après
être
arrivé
à
Constantinople,
les
naufragés
ont
été
transféré dans le croiseur blindé français
Waldeck Rousseau.
Selon
le
rapport
d'Edwards
sur
l'incident,
treize
personnes
ont
perdu
la
vie
sur
le
Vinh-Long
:
deux
femmes
et
quatre
enfants
dans
le
feu,
sept
hommes
tués
en
lançant
des
radeaux
et
les
chaloupes
de
sauvetage
ou
dans
d'autres
incidents
lors
de
l’abandon
du bateau.
Le
sauvetage
des
passagers
du
Vinh-Long
a
été
largement
célébrée.
Officiers
et
équipage
du
destroyer
Bainbridge
ont
été
officiellement
félicité
pour
leur
action.
Le
lieutenant
commandant
Edwards
a
reçu
plus
tard
la
récompense
la
plus
élevée
des
Etats-Unis
pour
son
héroïsme,
la
médaille
de
l'honneur,
plus
la
légion
d'honneur
française
et
l'ordre
distingué
britannique
de
service.
Bordeaux Aquitaine Marine 2