Bordeaux Aquitaine Marine
Chantiers Bonnin - de Bordeaux à Arcachon
par Jean-Louis Bonnin
1.
Historique
reproduit du site “ www.chantier-bonnin.com ” avec l’aimable autorisation de son auteur.
Les BONNIN sont présents à Lormont (près Bordeaux) depuis le 17ème siècle comme tonneliers, menuisiers et charpentiers. Les premiers
charpentiers de marine apparaissent à la fin du 18ème siècle et travaillent sur les grands chantiers - Quai Chaigneau.
En 1863, le "grand-père" Jean sort breveté de l'école nationale des
charpentiers de marine de Rochefort et fonde le premier chantier :
Quai Chaigneau à Lormont. Ce chantier comporte un hangar à sec, une
jalle (estey) pour l'échouage des bateaux fluviaux en réparation et un
quai vertical en rondins avec tins pour l'échouage et l'entretien des
grands navires (morutiers, bricks de la ligne des Antilles).Le passage à
la plaisance est peu à peu poussé par une clientèle fortunée et amené
par les architectes SAHUQUE et PICAMILH : l'affaire se spécialise alors
dans le bateau de plaisance.
Le "grand-père" Georges fait son apprentissage sur le chantier
paternel. Il part effectuer son service militaire en tant que charpentier
de marine : il en revient diplômé et parlant le norvégien et l'anglais.
Puis il fonde son propre chantier "les charpentiers réunis" avec quatre
amis. Peu à peu les associés se séparent et Georges reste seul maître à
bord. Le chantier ferme en 1914. Les fils partis à la guerre, Georges
prend sa retraite à Cap-Breton au bord de l'eau bien sûr.
De 1863 à 1914, le chantier connaît une grande réussite travaillant pour les plus grands architectes SAHUQUE, PICAMILH, GUEDON, FIFE,
ERESCHOFF et de prestigieux clients Alphonse XVIII, ROTSCHILD, Duc d'ALBE, Duc de CASE, EXSHAW, Virginie HERIOT, Marquis de MONTAIGU.
En 1918, mon grand-père Louis est de retour de la guerre : plusieurs blessures sévères, quatre citations, croix de guerre et légion d'honneur.
Mais le chantier est en ruine, pillé. Son petit frère, Jean est dessinateur au chantier du Sud Ouest (ACMSO).
En 1919, Louis rouvre le chantier qui repart fort. Jean est alors embauché. Louis avec l'aide de GUEDON fait un tabac : il va superviser la
construction de plusieurs bateaux construits par CARASCO à Bilbao : un 8m J.I., un 10m, un 6m. Il prend la direction du chantier DESPUJOLS qui
construit des goélettes sur la plage du petit port à Arcachon. Il y rencontre Georges LASSAU qui travaille chez LATECOERE (flotteurs d'hydravion)
lequel restera contremaître du chantier jusqu'en 1970 et sera mon
maître d'apprentissage.
En 1928, Louis laisse le chantier de Lormont à son frère Jean, et crée
le chantier d'Arcachon. L'atelier n'est pas encore couvert qu'un
Cruiser de 18 mètres et 22 tonnes est déjà en construction, sur le
sable, pour le ministre de la marine A. Achille FOULD !
Louis et Joseph GUEDON font un malheur en collaboration avec les
architectes : CAMATTE, BERTRAND, SALMORAGHI et CORNU.
Cinquante pour cent des plans GUEDON sont construits entre
Lormont et Arcachon.
La deuxième guerre mondiale voit le chantier réquisitionné, de même
que les bateaux des clients pour les distractions de l'occupant et la
plupart sont détruits peu avant la libération. Louis et ses deux fils
relancent le chantier. Louis dessine le Pacific en 1942 qui sera
construit à plus de 260 exemplaires. La période après guerre n'est pas
facile, mais de nouveaux architectes arrivent : CORNU, DERVIN, SERGENT, AMIET, LAURENT-GILLES et SCHRANZ. Les BONNINS dessinent aussi. Louis
meurt en 1951.
En 1953, René, mon père, prend la suite avec son frère Jean-Jacques. Mais Jean-Jacques s'étouffe à Arcachon, prend sa part, apprend le portugais
et s'installe à Cascaï où il va connaître un rapide succès. Il construira entre autre le Super Star d'Albert DEBARGE : un 21 mètres avec un mât de plus
de 30 mètres.
En 1957, je rentre au chantier, j'ai 15 ans, mais je suis né dans l'atelier
et aucun des outils ne m'est étranger. Avec le père, ce sont 74 Dragons
entre 1950 et 1968, des Monotypes, des Pacifics, des remorqueurs
pour l'Afrique et Madagascar, des Pinasses pour la marine, des
Cruisers, des 5.50 m J.I., des Cornus (surtout à Lormont), des Dervin,
des Amiet, des D. Presle - AUZEPY / BRENEUR, des vedettes de 5 à 24m
(construites sur plans MARECHAL), des Pinasses, des Vauriens, etc...
De 1965 à 1970, apprentissage du polyester avec un modèle, un moule
et un bateau (super 5O5 plan Auzepy 15m15 X 4 - TE : 2,50m) –
Découverte et maitrise de l'époxy et des nouvelles fibres pour le mât
aile de 15m), bois moulé, streep planking - la construction
traditionnelle se fait rare. Le chantier doit évoluer ou disparaître : nous
achetons de nouveaux garages pour assurer un entretien des bateaux
pendant l'hiver.
Construction de prémoules pour Guy COUACH et ARCOA de 5,80m à
19m - des voiliers sur plan BIGOIN de 12 à 16 mètres, un prototype de Cat Boat PRESLE), une série de 6 Super Challengers, des Cruisers de course
BONNIN.
Lormont ferme définitivement en 1970
Mon père me passe la gérance en 1976 et j'emménage sur le site avec ma petite famille.
René viendra respirer l'odeur de l’acajou jusqu'à sa fin.
L'activité du chantier se concentre alors sur la rénovation de bateaux anciens : Riva, Pinasse, Pacific, Loup, 8m J.I. ("CUTY TOU", "VISION of
SEBAGO"), Pinasses et vedettes, plusieurs de ces bateaux sont classés.
En 1998, mon fils Alexis embauche. Sa sœur, Sophie est déjà à l'atelier depuis 1988 et s'occupe du secrétariat, de la comptabilité et de la réception.
En 1999, mon père René BONNIN décède.
En 2000, nous construisons "L'ESCALUMADE" un bac à voile
traditionnel, histoire d'entretenir la légende. Puis en 2002, "TANTE
SOPHIE" un autre bac sort du chantier, et en 2005, un superbe
maquereautier de 9m "TIKI VISION" en Streep Planking époxy. Durant
ces dernières années, de superbes restaurations sont également
réalisées.
En 2008, Jean-Louis BONNIN prend sa retraite à 66 ans, et 51 passées
dans le chantier. Alexis et Sophie, 6ème génération, maintiennent la
flamme!
Le chantier BONNIN, c'est plusieurs centaines de bateaux construits,
signés par les plus grands architectes nationaux et internationaux, des
voiliers champions de France, d'Europe et Olympiques. C'est le plus
vieux chantier français dans les mains de la même famille de
constructeurs pionniers, architectes et régatiers.
2. Quelques yachts construits au début du 20e siècle
nom
construit
dimensions
propriétaire
immatriculé à
obsevationx
ANITINA
1914
10,18 x 1,63 m
Comte de Mieres del Camino
Mieres
Espagne
ANITA
1913
6,32 x 1,64 m
Romero J.
San Sébastien
DURANDAL
1912
6,15 X 1,82 M
O. Calvet
Bordeaux
ECLIPSE
1912
9,80 x 1,70 m
Marcel Romat
Paris
NICAEA
1911
6,15 x 1,81 m
Chauchard P.
Nice
ROBINSON
1906
12,78 x 3,00 x 1,40 (c)
Lasserre, Paris
Bordeaux
en associaition avec P. Barré (Lormont)
TAKIS II
1912
9,77 x 1,70 m
G. & H. Grassin
Bordeaux
TITAVE II
1912
12,45 x 9,31 m
Félix Picon
Bordeaux
VIOLETTE
1912
10,00 x 2,25 m
E. Paalis
Bordeaux
YVONNETTE
1896
5 tx
25,6' x 7'
F. Latapie-Tronquet
Bordeaux
voilier : Allain - plans de J. Guédon
Tous ces yachts étaient gré&s en cotre et enregistrés
au Bureau Veritas
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